VOUS SOUVIENDRIEZ-VOUS ?
Vous souvenez-vous
Le train de nuit, une frontière
Et Barcelone, l’hiver ?
Vous me filmiez et vous m’aimiez
Près des navires de guerre.
Où êtes-vous, perdue,
Éperdue dans ces rues ?
Yves Simon.
Vous souviendriez-vous de cet embarquement nocturne à la Gare d’Austerlitz ? Un coup de tête, une impulsion irrésistible nous aurait fait quitter la grisaille pour la ville de Gaudi.
Pourquoi Barcelone ? Parce que cette chanson d’Yves Simon des années 90 dont tu te remémorais. Parce que ces excursions trop courtes, rêvées puis faites, chacun, en villégiature au pays catalan. Parce que les pas des danseuses de sardane, d’une élégance rare, sur le parvis de la cathédrale. Parce que l’envie de voir de nos yeux, du parque Güell, la Sagrada Familia et toute la ville à nos pieds. Parce que Miro et Picasso. Parce que le Liceu, brûlé, rebâti à l’identique, comme la Fenice de Venise. Parce que la descente de la Rambla, le soir de préférence, est une fête toujours recommencée. Parce que Pepe Carvalho, le privé inventé par Manuel Galvez Montalban, et sa « cantine », casa Leopoldo ...
Le Correo plein de lenteur 1 a été remplacé par un Euro-night banal. Un compartiment pour nous deux, trop chaud, ce mois de février. Un long arrêt à Limoges et les bruits des machines qu’on change,
Pourquoi Barcelone ? Parce que cette chanson d’Yves Simon des années 90 dont tu te remémorais. Parce que ces excursions trop courtes, rêvées puis faites, chacun, en villégiature au pays catalan. Parce que les pas des danseuses de sardane, d’une élégance rare, sur le parvis de la cathédrale. Parce que l’envie de voir de nos yeux, du parque Güell, la Sagrada Familia et toute la ville à nos pieds. Parce que Miro et Picasso. Parce que le Liceu, brûlé, rebâti à l’identique, comme la Fenice de Venise. Parce que la descente de la Rambla, le soir de préférence, est une fête toujours recommencée. Parce que Pepe Carvalho, le privé inventé par Manuel Galvez Montalban, et sa « cantine », casa Leopoldo ...
Le Correo plein de lenteur 1 a été remplacé par un Euro-night banal. Un compartiment pour nous deux, trop chaud, ce mois de février. Un long arrêt à Limoges et les bruits des machines qu’on change,
…Miraculeux bruits sourds,
… Vibrantes voix de chanterelle
… Vibrantes voix de chanterelle
des trains de marchandise qui passent à côté. Nouveau départ, bercés ensemble, par le doux rythme syncopé du train, qui aurait évoqué, à ce moment là « Why do I love you » interprété par le saxo de Charlie Parker.
À la fin de la nuit, Perpignan, Collioure, une frontière, puis Figueras et Girona, où il aurait fallu changer de train pour Barcelona-Sants, au cœur de la ville.
Trouver l'office du tourisme local, une chambre, un guide en Français…
J’aurais aimé ce vent vif et frais venant de la Méditerranée : il nous donnait envie de nous rapprocher encore.
Tu aurais goûté au chocolat crémeux de chez Viader, avant de prendre possession de notre chambre dans un petit hôtel de la Plaça Reial. A côté d'une librairie où aurait vécu la sulfureuse Clara, ses sept chats et deux cacatoès.
De là, nous aurions emprunté la Rambla en direction du monument à Colomb et du vieux port. Là, ni Caravelle pour l’Amérique, ni navire de guerre, mais du moins nous pouvions nous aimer près de l’embarcadère vers l’île Majorque.
Nous aurions appris dans le guide acheté à la gare, que, du haut des 153 mètres de l’hôtel Arts, on pouvait par temps clair en voir les rivages. Nous aurions décidé de le vérifier.
Toujours en quête de hauteur,
- Nous aurions emprunté l’antique et redoutable téléphérique vers le Monjuich.
(Montalban imagine Hercule contemplant du « Mont Jovis » sa mythique création :
J’ai gravi la montagne afin de t’observer
Allongée sur le sol tout habillée du blanc
Des pierres du pays, admirée et aimée
Pieds mouillés par les vagues de la mer déferlant.
De Montjuich, on se représente les premiers habitants de ces terres observant les voies maritimes et terrestres. C’était bien avant qu’on y installe une citadelle de sinistre mémoire. Celle-là même où l’on fusilla le pédagogue anarchiste Francisco Ferrer en 1909. Celle-là même où l’on exécuta au garrot, le 2 mars 1974, la dernière victime du franquisme, Salvador Puig Antich. Je me souviens, jeune étudiant, avoir battu les pavés de Lille pour dénoncer ce crime.
Montjuich qui pleure, Montjuich qui rit : ici, on a aussi beaucoup chanté et aimé à l’ombre des figuiers parfumés, on s’est rassasiés des eaux fraîches et gratuites. Aujourd’hui, surplombant la vieille ville, se succèdent musées, promenades et jardins. Mais pour les pleurs et le souvenir, l’autre côté de la montagne abrite, vers le Llobregat, le Cementeri Nou, cimetière neuf, où les anonymes et les caveaux de familles bourgeoises côtoient les tombes des héros républicains.)
-…Ou encore, nous aurions grimpé vers le mont Carmel pour jouir de ce belvédère prestigieux qu’est le Parque Güell, patrimoine mondial de l’humanité, inventé par Gaudi. Dragon polychrome, animaux de faïence, colonnades, viaducs et pavillons entourent généreusement un banc de mosaïque infini, qui surplombe l’Eixample et, dans une vue uniquement bordée par la mer, au loin, permet d’admirer la plupart des monuments remarquables de la ville. À commencer par l’inachevée Sagrada Familia. On aime…0u pas. Montherlant disait d’elle « cette monstruosité ahurissante ! ».
- …Plus haut encore et toujours, à travers les forêts de Vallvidrera, rendre hommage à un fabricant de pastilles qui créa le funiculaire vers le Tibidado, puis, tout là-haut, sur la plus haute cime, embrasser l’horizon, puis nous-mêmes, en contemplant la pluralité des paysages urbains de Barcelone. Barcelones, comme l’écrit Montalban.
Et j’aurais voulu entendre à ce moment précis le saxophone de Charlie Parker jouer « If I should lose you ».
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