Nous étions allés voir au Musée des Beaux Arts de Valenciennes une exposition consacrée à Jean-Baptiste Vanmour, peintre né, comme Antoine Watteau, à Valenciennes, qui serait resté obscur s'il ne s'était établi à Constantinople.
Au retour, je proposais à ma compagne de visiter la célèbre Bibliothèque des Jésuites, au sein de l'ancien collège Sainte Croix, transformé en bibliothèque municipale depuis 1765.
Un gardien nous accueille, et décide de nous servir de guide. Il nous mène au lieu le plus précieux : la grande salle du premier étage, où siège l'authentique bibliothèque fondée par les jésuites en 1740. Il nous montre ces lieux majestueux, son pavage rouge d'époque, la voûte élevée de sept mètres dominant des étagères copieusement garnies d'ouvrages anciens, répartis de part et d'autres de la pièce en deux fois six alcôves surmontées chacunes des effigies de trois jésuites passés à la postérité . Notre guide nous montre, évidemment, le portait de Saint Ignace de Loyola en nous rappelant qu'il est le fondateur de l'ordre, et précise que les ouvrages sont regroupés de manière thématique en fonction des sujets de prédilection des jésuites concernés. Je crois discerner le portrait d'Athanasius Kirscher, qui m'est devenu familier par la plume de Jean Marie Blas de Roblès. Après vérification, c'est bien lui, le premier éditeur d'un dictionnaire de chinois!
Notre guide nous vante l'ouverture d'esprit des jésuites, leur universalisme, qui les a d'ailleurs, dit-il, fait chasser du royaume en 1762!
Il nous présente un agrandissement du manuscrit le plus précieux de la bibliothèque : le Cantilène de Sainte Eulalie, en nous précisant qu'il s'agit du premier texte littéraire en français que l'on ait conservé. Il précise que le contexte de ce document a permis de le dater du IXe siècle.
Puis il nous invite à tourner les yeux vers la grande fresque qui domine le mur d'entrée de la pièce. Il nous précise qu'il s'agit d'une fresque inspirée de « L' Ecole d'Athènes » que Raphaël a peinte pour la bibliothèque des papes au Vatican, et qui fait face, comme à Rome, à une autre fresque intitulée « La dispute du Saint Sacrement ».
Il nous dit qu'à son avis, ce tableau exprime les idées laïques des jésuites – en tout cas,plus exactement, leur tolérance et universalisme - . Sur ce tableau, dont j'ai appris qu'il s'intitule « La Raison des Anciens », du peintre Bernard-Joseph Wamps, il nous montre sur la gauche le roi Ptolémée, une carte à ses pieds, au second plan, au milieur, Saint Paul, et il est très fier de nous montrer, sur la droite, au premier plan, comme dans le tableau de Raphaël, le portrait d'Averroes, traducteur et commentateur d'Aristote, en nous précisant qu'il était musulman, ce qui ne nous avait pas frappé dès l'abord...
Il nous conduit dans l'autre aile du collège pour nous faire admirer les charpentes conservées du bâtiment, et nous mène enfin obligeamment jusqu'à l'exposition du mois, consacrée à un certain Israëlis Bidermanas, dit IZIS, né en Lituanie, photographe et ami de Jacques Prévert, en nous remerciant de l'intérêt que nous avons porté à ses propos.
samedi 26 décembre 2009
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